Picardie, Normandie et Beauce à vélo (1/4): le pont de Normandie

pont de normandie à vélo

Cette année ci, j’aurai réalisé un très agréable périple de presque 600 kilomètres en quatre étapes, comme suit :

Etape 0 : Orléans – Paris – Abbeville en formule train +vélo

Etape 1 : Abbeville – Saint Valéry sur Somme – Dieppe par les pistes cyclables qui longent le canal de la Somme puis, par les petites routes qui longent les côtes crayeuses de la Picardie et de la Haute Normandie (100 kms environ)

Etape 2 : Dieppe – le Havre par par la véloroute du littoral normand (160 kms environ)

Etape 3 : le Havre – Alençon via le célèbre Pont de Normandie, Broglie et les routes vallonnées du bocage bas normand (165 kms environ)

Etape 4 : Alençon – Mortagne – Nogent le Rotrou – Chartres par la voie verte qui parcourt les collines du perche puis par la véloroute Nogent – Chartres (155 kms environ)

Retour à Orléans par le car Transbeauce.

Tous ces kilomètres parcourus, tous ces milliers de coups de pédale qui, les uns après les autres, m’ont peu à peu désintoxiqué, désincarcéré ; m’ont lavé l’esprit et ramené à l’Essentiel : sentir mon corps en mouvement, m’imprégner des paysages qui défilent lentement ; prendre le soleil, la pluie et le vent ; respirer, manger et dormir. Simplicité et authenticité !

Je ne vous raconterai pas les plaisirs intenses que j’ai éprouvé à vivre cette respiration. Je ne vous décrirai pas non plus les sentiments de liberté et de plénitude qui mont habité. Je vous livrerai ici simplement quelques uns de mes étonnements et coups de gueule.  A ce propos :

Le pont de Normandie à vélo : trop nul !

Depuis le Havre, vous serez certainement tenté de faire un peu de tourisme de l’autre côté de l’embouchure de la Seine, à  Honfleur, Deauville ou Trouville ; en conséquence de quoi, il vous faudra envisager de traverser le pont de Normandie. Sur le net, on trouve de maigres informations qui confirment que ce pont peut être traversé gratuitement à vélo. Alors, j’ai testé pour vous et ça a donné ce qui suit :

Depuis le Havre, il m’aura  fallu parcourir de bout en bout l’immense zone industrielle qui longe le fleuve. Rien qui ne soit propice à une balade à vélo :

• une succession de raffineries, d’usines chimiques, d’entrepôts, de silos,  de sites techniques entourés de grillages et de fils barbelés ;
• des cheminées qui exhalent des fumées blanches, jaunes, bleues, grises ; ou des torchères qui rejettent des flamèches et des suies ;
• des routes à quatre voies empruntées par des camions bruyants et agressifs….

Le pont était là, sous mes yeux. J’ai eu beau faire maintes recherches préalables sur le net, me faire conseiller et guider par des gars du coin, en vain !  Je n’ai jamais pu trouver La Route qui m’aurait gentiment déposé au pied de ce fichu pont. Pas de trace de piste cyclable, ni de signalétique particulière pour les piétons…. Lassé de faire des centaines de mètres pour me retrouver au fond d’impasses ; après avoir longuement hésité, je me suis résolu à accéder à l’entrée du pont en  prenant l’autoroute ; autoroute qui comme chacun le sait est, en théorie, interdite aux vélos.

J’ai donc roulé sur environ 2 kilomètres sur la bande d’arrêt d’urgence. Les voitures et camions n’ont pas manqué de me klaxonner à tue tête pour souligner le caractère dangereux et incongru de mon exercice. La situation était on ne peut plus inconfortable, voire anxiogène ; et j’étais convaincu que j’allais bien vite me faire ramasser un patrouilleur ou par la police de la route. Rien de tout cela ! J’ai enfin atteint avec un vif  soulagement le péage où un petit passage gratuit était spécialement aménagé pour les vélos. Mieux encore ! de l’autre côté du péage, un chemin piétons et une piste cyclable m’attendaient. Mais cette piste s’est vite avérée étroite et dangeureuse. Difficile en effet de rester dans ce rail tant il fallait se déhancher pour gravir ce pont ; et puis j’ai du aussi composer avec le vent, avec le tangage et les vibrations générées par l’intense trafic. Alors j’ai bien vite préféré rouler sur la voie réservée aux piétons. Pas trop le temps non plus de contempler le paysage tant j’étais concentré dans mon exercice de funambule.

Puis, j’ai entamé la descente en tentant de maitriser ma vitesse et de ne pas trop regarder en contrebas, à gauche ou à droite ; sous peine d’en rajouter à mes sensations d’inconfort et de vertige. Une fois le pont traversé, j’ai aperçu un panneau invitant cyclistes et piétons à sortir par un chemin situé à l’ouest du pont. Cela aurait été trop beau ! l’entrée du chemin était ce jour là fermée par un grand grillage et, pour me sortir de ce piège et rejoindre la route de Honfleur, j’ai donc du me résoudre à affronter une nouvelle épreuve consistant à traverser sur plusieurs dizaines de mètres un champ marécageux et recouvert de roseaux arrivant à hauteur d’homme, tout en portant mon vélo sur l’épaule….

Etonnant, dommage et navrant que les cyclistes qui empruntent les Véloroutes de Normandie ne puissent pas descendre vers le sud par un chemin décent et sûr. Alors, à qui la faute ? à l’Agglomération du Havre ou à celle de Honfleur ? au Comité Départemental de Tourisme de la Seine Maritime ou à celui du Calvados ? à la CCI du Havre, qui a en charge la gestion du pont ?  Tiens !  je me prends à rêver que demain soit rétabli un service de bacs entre le Havre et Honfleur : navettes qui j’en fais le pari sauraient séduire de nombreux riverains, touristes et cyclistes…

La suite de  mon road movie se trouve là : la bonne Formule (2/4), hors piste (3/4) , aller simple Chartres Orléans

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