Courir à Blois : le trail du postier

trail du postier, les grouets, blois
trail du postier, les grouets, Blois

J’en avais le pressentiment, je me doutais bien que le trail du postier organisé par l’ASPTT de Blois ne serait pas une course comme tant d’autres !

Tout d’abord, un lieu de rendez vous assez inhabituel : un endroit improbable, caché en contrebas de la levée de la loire, en rase et morne campagne…. Nous sommes en effet attendus dans la lointaine banlieue de Blois, au lieu dit « les grouets », précisément au petit stade et à la salle des sports « Robert PICHEREAU » * . Oh ! un tout petit hameau, tout ce qu’il y de propret et de paisible, composé de quelques maisons anciennes joliment restaurées, et de jardins clos, engazonnés et arborés.

Pour l’occasion, les quelques prairies alentours ont été réquisitionnées et transformées en parkings.

Notre besace comprend les habituels : dossard, flyers et tee shirt, ainsi qu’une grosse poignée de bonbons Kréma et une tablette de chocolat Poulain (souvenirs d’enfance, les images des tablettes de chocolat Poulain à collectionner…), l’usine Poulain est à quelques encâblures,…. Ceci explique cela !

Ce dimanche là, la météo est disons… automnale pour ne pas dire carrément excécrable : un ciel gris, sombre, plombé ; et un horizon complètement bouché. Il a beaucoup plu ces derniers jours et il pleut, encore et encore …. Notre terrain de jeux promet donc d’être boueux, gras et détrempé à souhait….Sur la ligne de départ, personne ne semble faire cas des conditions météo calamiteuses. Certains coureurs sont là depuis la veille au soir et ont déja effectué un trail à la seule lumière de leurs lampes frontales, (admiration) et confirment l’état boueux et piégeux du circuit.

Les clubs d’athlétisme de Blois, de Saint Gervais, de Vendôme sont en force et font bloc sur la ligne de départ. Le départ commun est donné, tant pour ce trail d’une distance de 32 kilomètres (66 inscrits, dont moi même ici présent 😉 ) que pour la course, plus familiale de 12 kilomètres et comptant quant à elle plus de 300 participants.

Il aurait été vraiment trop simple de suivre les bords de Loire, tout de faux plats et de pentes douces…. Non ! les organisateurs ont préféré nous emmener gambader en pleine forêt domaniale, sur les côteaux du blésois. Nous voilà donc lancés à l’assaut des premières côtes et nous quittons très vite le bitume pour emprunter une succession des chemins ruraux et d’allées forestières. En dehors de quelques rares lignes droites, le parcours ne sera fait que de chemins en forêt avec de très nombreux changements de direction. A ce propos, un grand bravo pour le balisage : on ne mégote pas sur la rubalise et sur le panneau signalétique fluo à l’ASPTT de Blois !  « Vraiment Parfait ! aucun risque de se perdre » ! Les gars de l’asso « la fontaine la cayenne » à Lorris, organisateurs de la foulée verte lorriçoise devraient bien en prendre de la graine 😉 .

Bref, rien que de très habituel en somme ! Si ce n’est…. que ce parcours comporte de nombreuses montées et descentes, des ravins et des dévers, des coteaux et des raidillons et que, la météo aidant, cela ressemble fort à un parcours du combattant ! Alors, tels des Rambos écervelés, des Jean Claude Van Damme   totalement azimutés, des Sylvester Stallone décérébrés, des Scharzenegger aux mâchoires acérées, des Belmondo innocents et souriants (chacun son style 😛 ), nous affrontons avec une avidité et une gourmandise non dissimulées : les montées et les descentes, les souches d’arbres à enjamber ou à contourner, les ronces aux pointes fraîchement aiguisées, les herbes folles et coupantes comme des lames, les branchages cinglants, les flaques sournoises, les fossés profonds, les projections de fange, les bains de pieds glacés, les glissades et les chutes acrobatiques, …. !

Dans ce contexte apocalyptique, la solidarité entre coureurs est de mise : on interpelle tel coureur qui s’est trompé de chemin, on encourage tel autre, arrêté sur le bord du chemin à coups de petites tapes sur l’épaule ou d’interjections : « allez courage », « vas  y ! accroche toi » ; on s’arrête pour s’assurer que tel gars qui vient de chuter ne s’est pas blessé, on s’attend un peu pour courir ensemble, pour s’entraider et s’émuler ; on s’échange quelques mots, on partage nos impressions, on se passe le relais pour ouvrir la route à tour de rôle.

Incroyable ! on se frotte les yeux d’incrédulité et de circonspection : un gars court carrément pieds nus !  J’avais bien sûr entendu parler de cette nouvelle technique, tendance ou mode, consistant à courir tel un « va nu pieds » mais de le voir, de nos yeux a été un choc, un grand étonnement pour beaucoup d’entre nous ! Il s’agit de la technique du barefoot qui semble compter de plus en plus d’adeptes et qui, aux dires des praticiens, serait plus naturelle et induirait une course plus coulée,  plus souple et plus respectueuse de son corps. Ce gars a vraiment forcé l’admiration et a suscité la curiosité ; il a terminé sa course dans un temps très honorable de moins de 3 heures et ce, en dépit de la difficulté du parcours, et sans une seule coupure ou blessure !

Je termine quant à moi à peu près dans les mêmes temps, assez satisfait, et de mon chrono et d’avoir vécu cette course pas banale ! J’exprimerai un seul petit regret, celui de n’avoir pu profiter, à un moment ou à un autre du parcours, de la vue sur la Loire, pourtant toute proche.

Des récits et des idées de courses ou de trails autour de Blois ?

* Robert PICHEREAU nait au lieu dit « les grouets » le 12 octobre 1863. Il effectue sa scolarité à l’école Notre Dame des pêcheurs à Blois où il obtient son certificat d’études. Puis, il part rejoindre son père, bûcheron à la tâche en forêt de Blois. En 1884, préoccupé par les conditions  difficiles de ses congénères bûcherons, il invente le procédé de la scie à bois à deux lames. Ce procédé, particulièrement ingénieux sera primé quelques années après au concours Lépine et sera habilement repris et adapté par l’américain Howerd Wilkinson et par le Français Alphonse Gillette pour la conception du fameux rasoir à 2 lames. Le 9 mars 1907, Robert PICHEREAU meurt d’un panari surinfecté, dans la misère et dans l’anonymat complet ; jusqu’à ce que les habitants du hameau des grouëts ne décident (en 1976) d’honorer sa mémoire en apposant une plaque comémorative sur la salle des sports, qui porte désormais son nom.

Publié par running orleans

Mes exploits de coureur amateur dans l'orléanais. Ce site parle de jogging, de running, de course à pied, de footing sur orléans, dans le loiret et alentours. Régalez vous !

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